vendredi 22 mai 2015

Tn Pas Cher aucun espoir pour rien de tout cela

Elle a la gorge nouée. Elle l'a pourtant déjà écrit. Mais là, elle le dit haut et fort. ?Pour moi, il n'y a pas eu de premier baiser, de fête de fian?ailles, de mariage. Et, jusqu'à récemment, aucun espoir pour rien de tout cela.? A 54 ans, Ursula Halligan est une journaliste politique très connue et respectée de la télé irlandaise TV3. Elle est aussi homosexuelle et, pour la première fois de sa vie, le 15 mai, elle l'a révélé. A l'Irish Times, à son pays, au monde : ?Aujourd'hui, dans une Irlande différente - je l'espère -, je regrette de ne pas m'être libérée de ma prison bien plus t?t. Je me sens triste et perdue lorsque je pense à tout ce temps passé dans la peur et la solitude. Je l'ai dit à un ami et le monde ne s'est pas arrêté de tourner. Je l'ai dit à ma mère et le monde a continué de tourner.? Ce témoignage poignant aurait pu être le tournant d'une campagne qualifiée par tous les témoins d'exceptionnelle. Mais il n'en est rien. Il s'agit d'une histoire personnelle parmi des centaines d'autres, de personnalités publiques et privées, surgies d'un immense débat entamé il y a trois mois. Le dernier mot sera peut-être prononcé ce vendredi. L'Irlande vote, par référendum, sur le mariage pour tous et, si le oui l'emporte, elle fera l'histoire. Ce petit pays de 4,6 Tn Pas Cher millions d'habitants sera le premier au monde à inscrire, par référendum, le mariage pour tous dans sa Constitution. ?Pénombre?. Les sondages sont unanimes : le oui devrait l'emporter, entre 53% et 67%. Même si les experts appellent à la prudence après la débacle des instituts de sondage pour les élections britanniques du 7 mai… Pour Aodhán O Ríordáin, ministre de l'Egalité, ce référendum va au-delà du mariage pour tous : ?Je n'ai jamais rien vu de tel. Le jour de la cl?ture des listes électorales, il y avait des files d'attente dans tout le pays. Ce n'est jamais arrivé avant. Jamais pour un référendum.? Les lampadaires du pays sont saturés. Tous affichent les posters de la campagne du oui ou du non. La question fait dix-sept mots en anglais, douze en gaélique. Les électeurs doivent décider si ?un mariage peut être conclu en accord avec la loi entre deux personnes, sans Tn Requin distinction de leur sexe?. La formulation a déjà été adoptée en mars, avec une large majorité, par le Dáil, le Parlement irlandais. Une victoire du oui permettrait son inscription formelle dans la Constitution. ?Nous ne redéfinissons pas le mariage, qui ne change pas, ajoute le ministre de l'Egalité. Nous l'élargissons. Et, de la même manière qu'élargir le droit de vote aux femmes n'a rien changé au fait de voter, élargir le droit au mariage aux couples du même sexe ne changera pas le mariage.? Quel que soit le résultat, connu dans la journée de samedi, l'Irlande a d'ores et déjà profondément évolué. Paradoxalement, ce pays encore imprégné de catholicisme, où le divorce n'a été autorisé qu'en 1995 et par une toute petite marge (0,6%), où l'avortement est toujours interdit (sauf dans des circonstances extrêmement limitées), pourrait se retrouver classé parmi les plus modernes du monde. Pour Ursula Halligan, ?si l'Irlande dit oui, ce sera bien plus qu'un oui à propos du mariage. Ce sera la fin de l'homophobie institutionnelle. Cela dira aux gays qu'ils font partie de la société, qu'il n'est pas dangereux d'assumer pleinement une vie d'être humain amoureux?. Parce que ce référendum va bien au-delà de la question technique de l'accès au mariage. Il a mis en lumière une société encore oppressée, meublée d'ombres. ?En Irlande, jusqu'à récemment, les homosexuels avaient une manière de vivre dans la pénombre, sans se déclarer […], et l'invisibilité était devenue une part intégrante d'un mécanisme de survie?, a expliqué Colm Tóibín, l'un des plus grands écrivains irlandais, ouvertement homosexuel, lors d'un discours devant le Trinity College, à Dublin. Pour Grainne Healy, codirectrice de la campagne ?Yes Equality?, ?le vote des jeunes sera crucial? : ?Beaucoup d'entre eux, qui n'avaient jamais voté, ne s'Nike TNétaient jamais engagés en politique, se sont mobilisés.? Mais se déplaceront-ils aux urnes ? Tous les partis, pratiquement tous les syndicats, toutes les grandes entreprises se sont prononcés en faveur du oui. Même l'Eglise catholique est apparue quelque peu divisée. ?Sur l'avortement, elle reste très unie, mais là, l'opposition est moins nette. Du coup, la campagne est moins virulente?, relève Grainne Healy. L'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, a ainsi fort peu apprécié d'être plus ou moins contraint par les médias de déclarer publiquement qu'il choisirait le non. Mais il s'est catégoriquement opposé à ?dire aux autres comment voter?. Tim Hazelwood, prêtre de la paroisse catholique de Killeagh, dans le comté de Cork, n'a pour sa part pas hésité. ?Je pense qu'en tant que pays et Eglise, nous n'avons pas bien traité les homosexuels et j'ai dit dimanche à la fin de la messe que je voterai oui?, a-t-il asséné, à la veille du scrutin. Et il est loin d'être une exception. Les multiples scandales des abus sexuels de Tn Requin religieux et religieuses sur des enfants, dans des écoles ou des institutions, les années de dissimulation, puis de dénégations, ont largement terni la réputation de l'Eglise catholique, quand elle n'a pas été totalement discréditée. Et son influence a beaucoup diminué. ?Beaucoup de gens se considèrent encore culturellement catholiques, mais plus socialement, estime Grainne Healy. Ils font baptiser Nike Requin leurs enfants, se marient à l'église, mais elle ne dicte plus leur conduite dans la société.? Contrevérités. La campagne du non a beaucoup insisté sur le risque d'ouvrir la voie à la procréation pour autrui. ?Cette campagne a été absolument affreuse, profondément intimidante de la part du camp du oui, alors que nous argumentons que pour un enfant, la situation idéale est avec un père et une mère. Or, un couple homosexuel aurait besoin pour devenir parent d'une procréation pour autrui ou d'un don de sperme et nous pensons que c'est mal?, explique la psychiatre Patricia Casey, l'une des dirigeantes de l'institut Iona, groupe de pression en faveur du non. La commission indépendante sur le référendum, chargée de traquer les contrevérités d'un camp ou de l'autre, a d? intervenir à trois reprises pour rappeler que la procréation pour autrui n'est pas à l'ordre du jour du référendum. Les couples homosexuels disposent déjà du droit à l'adoption, mais la procréation pour autrui n'est pas encore régulée. ?Notre campagne a commencé il y a dix ans. Nous avons entamé des discussions, argumenté, rencontré les politiques, les acteurs de la société, explique Grainne Healy. Le référendum est l'aboutissement de cette longue conversation.?


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